Alex et Etienne, co-fondateurs de CHEMINS

Sophie
5/9/2022
Lecture 11 min.

Comment trouver le dépaysement sans partir loin ? Se faire plaisir sans consommer à outrance ? Profiter sans tout gâcher ? Dans le contexte actuel d’urgence climatique, les façons de voyager sont remises en question et évoluent. Avec Chemins, le slow travel lié à la mobilité douce devient une pratique écologique ludique pour mieux s’immerger sur nos territoires. Une évidence pour Alex et Etienne, qui ont fait de l’éco-responsabilité un mode de vie.

Pouvez-vous résumer votre parcours en quelques mots ?

Alex : Le voyage fait partie de ma vie. J’ai toujours fait de cette passion mon métier, d’abord comme guide de trek puis comme entrepreneur, en co-fondant Shanti Travel, Vintage Rides, Nimmu House et Planet Ride. Après 20 ans en Asie, j’ai ressenti le besoin de m’ancrer sur un territoire et développer un nouveau projet en adéquation avec ma manière de vivre. 

Etienne : J’ai suivi des études de géographie et de développement local, les questions de mobilité et de tourisme m’intéressent depuis longtemps. Je suis aussi un amateur de vélo et de sports outdoor. Parallèlement, un grand combat me mobilise : lutter contre le dérèglement climatique, l’un des défis majeurs de notre époque qui exige entre autre de réduire au plus vite les émissions de CO2 pour limiter les dégâts. 

Pourquoi avoir créé Chemins ?

Alex :  Depuis mon retour en France avec ma femme et notre fille il y a 3 ans, j’ai retrouvé le goût de l’aventure autour de chez moi, dans les Baronnies provençales. Naturellement, j’ai eu envie de partager cette transition, ce changement de vie vertueux ! En créant Chemins, je voulais démontrer que les rencontres humaines et le dépaysement propres au voyage existent à deux pas de chez soi. 

Etienne : Quand j’ai rencontré Alex qui m’a parlé du projet, j’ai réalisé que nous avions la même idée qui nous rassemblait : devenir acteurs de changements qui impactent nos vies. A notre échelle bien sûr. Je ne dis pas que nous avons valeur d’exemple en quoi que ce soit. Mais on a une responsabilité et une grande envie d’agir. Notre ambition est de créer des voyages plus sobres, plus humains et meilleurs pour tous. 

Que proposez-vous comme voyages, pouvez-vous m’en dire un peu plus ?

Alex : Notre priorité était de trouver une solution de mobilité douce adaptée aux voyages itinérants en France. On s’est donc lancé dans des séjours à vélo et en Méhari électriques épousant le concept de slow tourisme. L’idée c’est vraiment de voyager à un rythme différent. Cela permet d’explorer des lieux insoupçonnés en profondeur. On pense que le voyage ce n’est pas seulement aller dans des paysages tout seul, au volant de son van par exemple, mais plutôt être actif dans la découverte, sortir de sa bulle et aller vers l’autre. 

Etienne : Oui, on défend l’idée du voyage vertueux, créateur de lien, de pont entre les gens, tout en ayant un impact le plus faible possible sur l’environnement. Nos différents séjours permettent aux couples, familles ou amis, de choisir le temps qu’ils veulent consacrer à leur voyage, la thématique de leur découverte, le nombre de kilomètres qu’ils veulent parcourir par jour, ainsi que le type d’hébergement souhaité pour le soir. Tout ça sans se prendre la tête, car on s’occupe de tout. Notre devoir, c’est de nous assurer que, chaque jour, où que vous soyez sur la route, vous passiez une des plus belles journées possibles.  

Alex : Les perspectives de réussite de notre projet sont en partie liées à la géographie. Nous vivons dans les Baronnies provençales. Un endroit unique qui réunit beaucoup de qualités. On est au carrefour des parcs naturels régionaux parmi les plus beaux du pays, Vercors, Ventoux, Baronnies provençales et Monts d’Ardèche, à proximité de territoires à la marge, très authentiques. On peut aussi citer le Diois, territoire « le plus Bio de France ». Les voyages qu’on propose explorent ces territoires singuliers. 

Etienne : Sans oublier notre camp de base, Montélimar, le spot idéal, situé à deux heures de train en moyenne des grands centres urbains - Paris, Lyon, Aix-Marseille, point de départ et d’arrivée des voyages itinérants. Il était important pour nous d’être accessible facilement, pour passer directement du train au vélo !

Glamping en Drôme provençale

Par rapport à des voyageurs prêts à partir seuls ou avec d’autres agences, qu’est-ce que Chemins apporte de plus ?

Etienne : Nous avons bien conscience que de préparer une belle virée à vélo est très chronophage. Surtout quand on ne connaît pas le territoire. Notre expertise de terrain nous permet de concevoir des étapes et des journées bien équilibrées. Pas trop long, pas trop court, pas trop épuisant, ne pas vous faire passer par des endroits sans intérêts ou des axes trop fréquentés. Tout est réfléchi en amont pour vous garantir liberté et sécurité.

Alex : Entre choisir les bonnes routes, trouver les pépites cachées, la bonne pause pour pique-niquer, l’hébergement idéal, et les visites et expériences à ne pas manquer, créer des itinéraires de qualité, c’est un métier ! On a développé en collaboration avec Mhikes une application smartphone pour partir en autonomie très facilement, avec un road book détaillé où se trouvent toutes les activités et rencontres qui viennent ponctuer les journées. Se plonger dans le secret de la lavande, goûter au miel local, rencontrer des vignerons passionnés, on est venu entre amis ou en famille partager ces expériences. Ce que nous proposons, nous l’avons vécu.

Etienne :  Je dirais aussi que notre matériel est unique et innovant. On a souhaité mettre en avant le low tech et le made in France. Les vélos viennent de Haute-Savoie, et les Méhari électriques d’Ardèche. On reste sur du local en privilégiant la région Auvergne-Rhône-Alpes. Bien sûr, d’autres agences proposent des séjours clé en mains à vélo, mais le plus souvent avec un véhicule d’assistance (à moteur thermique) qui suit et transporte les bagages d’un point A à un point B. Le voyage a alors une empreinte carbone plutôt importante. Nos vélos Yuba, ces fameux vélos cargo long tail, sont capables d’emmener toute une tribu en vadrouille et de porter toutes vos affaires. Ils ont vraiment été pensés pour l’itinérance en mode slow, ce qui permet de voyager en bas carbone.

Chez Bruno, apiculteur à Buis-les-Baronnies
Quels sont les avantages de voyager à vélo électrique ? 

Alex : On ne s’adresse pas forcément à des grands sportifs déjà habitués au cyclotourisme. Les cols, les distances des parcours sont des facteurs qui font que bon nombre de néophytes s’interdisent de partir voyager à vélo. Surtout dans notre région, au carrefour des Alpes, de la Provence et du massif central, avec un relief prononcé. Nos vélos électriques permettent de surmonter ces difficultés tout en réconciliant tous les publics avec les joies du vélo.

Etienne : On souhaite inciter des gens qui voyagent peut-être en voiture à découvrir d'autres modes de mobilités, douces qui plus est. Leur montrer que choisir le vélo électrique, est bénéfique aussi pour le bien être, en les encourageant à prendre l’air et pédaler. Car on pédale quand même... Cela nous permet aussi de créer des itinéraires plus longs, sans accélérer pour autant le rythme. Au final, c’est une belle manière de (re)découvrir la France. 

Quels sont les atouts de vos autres véhicules électriques ?

Alex : Ce n’est pas uniquement parce que la Méhari est un véhicule électrique que la solution est durable. Mais aussi parce que nos itinéraires sont construits sur une moyenne de 70/80 kilomètres par jour, en mode slow. Que ces véhicules low-tech pèsent 600 Kg quand la moyenne des véhicules en France est de 1,4 Tonnes. Qu’ils sont d'une puissance de 20 CV quand la moyenne française est de 113 CV, et qu’ils sont munis de batteries minimalistes (140 km d’autonomie) et 100% recyclables en Auvergne-Rhône-Alpes.  

Etienne : Oui, c’est la même idée avec le développement de nos scooters électriques vintage (design des vespas piaggio) ultra légers, peu puissants et avec une faible autonomie, ce qui permet un impact carbone faible. 

Voyager avec des mobilités douces et en France, est-ce une forme d’engagement ?

Etienne : On est quand même vraiment en train d’aller dans le mur, surtout lorsque l’on voit le prix des billets d’avion low cost en Europe ! Le tourisme au niveau mondial est responsable de 11% des gaz à effet de serre.  Alors que faire ? Regarder un modèle en train de s’effondrer ? Ou au contraire, agir en choisissant un modèle qui s'oppose au tourisme consumériste tel qu'il est pratiqué aujourd'hui ? On voyage tous, on est tous concernés et responsables. À l’échelle de chacun, une des marges d’action les plus directes et abordables concerne la question de la mobilité, et plus précisément des déplacements émetteurs de gaz à effet de serre. Décider de ne pas prendre un mode de déplacement utilisant des énergies fossiles comme carburant peut constituer un acte militant. Il reste donc les mobilités douces. Cela signifie : j’accepte d’aller à un autre rythme, je veux montrer que des alternatives existent. C’est un cercle vertueux, car quand on opte pour l’itinérance slow, on se ré-approprie naturellement le territoire que l’on traverse.

 Alex : Se pose aussi la question de la transmission. C’est important d’avoir conscience, c’est encore mieux de pouvoir le percevoir dans les yeux de son enfant. Prouver aux générations futures que la manière de se déplacer compte, de voyager aussi, et qu’elle a un impact sur la planète, c’est important, c’est aussi ça qui fera la différence demain. Nos circuits slow laissent beaucoup de place à la découverte grâce à des expériences authentiques. Rencontrer et voir des gens qui font du vin en respectant le sol, qui ont changé le mode d’exploitation de leur ferme ou qui tout simplement agissent pour leur territoire avec passion, c’est inspirant, cela permet de suivre des chemins et de comprendre que l’action se déroule au quotidien, et au niveau local avant tout. Tous ces acteurs forment un vrai levier de changement, très efficace et concret. On est fiers de travailler avec eux et qu’ils soient nos ambassadeurs !

Etienne :  En agissant à la fois collectivement avec les acteurs du territoire, et individuellement lors d’un séjour ou de vacances qui ont du sens, c’est tout un écosystème qui bénéficie des vertus de cette démarche.  

Alex : Oui, le défi d’aujourd’hui et des années à venir tient en un mot : la sobriété. Comment faire mieux avec moins ? Revoir son mode de vie, ses déplacements, et plus précisément sa manière de voyager. Cette question concerne nos vies quotidiennes et nous implique tous, politiques, citoyens, parents, artisans, profs, entrepreneurs…  On essaie de « faire sa part », pour reprendre les mots de Pierre Rabhi.

Crédit photo : Simon Saliot

Sophie
Ecrit pour Itinérances. Le blog du voyage en quête de sens

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