Paul Villecourt, de la pagaie aux pédales

Sophie
29/9/2023
Lecture 11 min.

La fascination d’une région, l’envie de courir les bois, de glisser sur les fleuves, de sortir de la routine… Paul se sent à sa place au grand air, près de la nature, à vélo, en canoë, ou les deux. A travers ses images, il partage sa vie d’aventure et nous rappelle que l’on peut faire le plein de nature et de sensations fortes à deux pas de chez soi. Rencontre.

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Paul : Je suis photoreporter spécialisé dans le sport aventure et la promotion du tourisme de plein air, métier que j’exerce depuis plus de 25 ans. La particularité de mon job, c’est une double expertise de photographe et de sportif. J’étais autrefois très branché par les sports « actions » pour ne pas dire « extrêmes », mais aujourd’hui je suis beaucoup plus porté sur l’itinérance douce qui permet l’immersion en pleine nature. Aujourd’hui, je travaille principalement pour des agences de voyages, des offices du tourisme départementaux ou encore l’UCPA (Union des Centres de Plein Air) pour qui je produis des images depuis très longtemps dans de nombreux sports - montagne, escalade, ski, surf, VTT, eaux vives… Dans ce métier, je me distingue grâce à la mise en scène, c’est-à-dire que je travaille souvent avec des modèles ou figurants pour montrer les émotions que procurent une pratique sportive ou un territoire. Dans la vie comme au travail, j’aime quand ça vibre ! Et mes images doivent montrer la beauté d’un lieu, mais aussi le bonheur ressenti à le découvrir, quel que soit le « jouet » utilisé : vélo, ski, canoë...

Quelle est ton histoire avec le vélo ?

Paul : En fait, de façon un peu étrange, c’est le canoë qui m’a amené au vélo ! J’ai énormément pratiqué les sports de pagaie. J’ai d’ailleurs écrit le « Guide du canoë en France » et illustré de nombreux autres livres sur le canoë ou le kayak, notamment au Canada où j’ai vécu plusieurs années. En 2017, avec un ami, j’ai traversé la France en canoë, de Genève à l’Atlantique : 1570 km en deux mois. C’est après cette aventure que je me suis véritablement mis au vélo. Cela s’est fait naturellement. 

Qu’est-ce qui t’a plu dans la pratique du vélo ?

Paul : En rivière, tu es en quelque sorte « scotché » au parcours. J’ai donc vite réalisé la liberté que pouvait procurer le vélo. Ce qui m’a fasciné également, c’est que même si tu avances doucement, tu peux voir du pays et énormément de diversité de paysages. Avec ce que j’appelle le « vélo sacoches », ou cyclotourisme, j’ai trouvé un nouveau prétexte au voyage ! Par mon travail, j’ai la chance de vivre des expériences parfois très confortables avec des hébergements qualitatifs. Mais par ma pratique perso, je sais aussi ce qu’est le voyage plus aventure, avec tente et équipement minimum. Et je me suis mis également au vélo électrique, car au fond, je ne suis pas un adepte du raid. Je suis beaucoup plus épicurien. C’est aussi un outil de travail qui me permet de passer partout et de me concentrer sur les photos plutôt que d’en baver à courir après mes modèles ou figurants. 

Tu habites dans la Drôme et tu es encore cette année “Ambassadeur Sport Nature 2023” du département, peux-tu me dire en quoi cela consiste ?

Paul : C’est mon côté « coureur de rivière » qui est mis en avant avec ce rôle d’ambassadeur. Le département m’a demandé de continuer à faire ce que j’ai toujours fait : promouvoir la joie et les valeurs que l’on peut trouver dans la pratique des sports de plein air dans la Drôme. L’émerveillement que j’ai pour mon territoire est sincère, que ce soit sur les rivières, sur les routes et les chemins ou au fin fond des forêts. Mon rôle d’ambassadeur m’amène à partager cette passion avec les écoles sport nature du département, collèges et lycées, à Die, Crest, Chabeuil… Je ne manque aucune occasion de partager mes aventures filmées auprès d’eux, ou plus simplement de les accompagner dans leurs activités diverses.

Sur ton territoire, quels sont tes coups de cœur pour une balade à vélo ?

Paul : Mon premier coup de cœur en vélo, pour ne pas dire coup de foudre, a été la Dolce Via, en Ardèche - vallée de l’Eyrieux. C’est là que j’ai vécu mes premières expériences de vrai voyage à vélo. Le parcours est relativement plat, les paysages sont à couper le souffle et les ambiances sont super diversifiées sur seulement 70 km. La vue du château de Rochebonne vers Saint-Martin-de-Valamas associée aux effluves de pins restera à jamais gravée dans ma mémoire ! Comme quoi, nos sens sont vraiment en éveil en deux-roues !  Par la suite, j’ai eu la chance d’être missionné par la Dolce Via pour réaliser ses photos de promotion. Côté Drôme, j’aime tout particulièrement la forêt de Saoû dans le massif du Diois. Soit en flânant entre le village, qui est pour moi la plus belle carte postale de France, et l’auberge des Dauphins au cœur de la forêt, soit en faisant le tour du synclinal par le col de la Chaudière en vélo électrique. La remontée de la vallée de la Roanne est aussi l’un de mes parcours préférés. La couleur de la rivière est envoûtante et la route est étonnamment plate pour un relief si montagneux : dépaysement garanti !

J’ai vu ton film Canovélo, voyage incroyable réalisé en 2021, peux-tu nous en dire plus ?

Paul : Le projet Canovélo est bien nommé. Je ne voulais pas choisir entre le canoë et le vélo alors j’ai choisi les deux pour un projet d’aventure au départ de la maison. Cette idée est née dans une période de grande frustration et de privation de libertés que j’ai très mal vécue : les trois confinements de la crise sanitaire. Pendant deux ans, j’ai planché sur la meilleure façon de tirer un canoë sur une remorque tractée par un vélo musculaire. Il fallait que tout rentre dans le canoë (remorque + vélo + paquetage) une fois sur l’eau. Avec mon ami Christian Barbier, on a cherché et on a trouvé ! Pour le vélo, la clé est simplement un changement de vitesses avec de gros développements ainsi que des freins surboostés. Pour la remorque, il a fallu inventer, car les solutions existantes n’étaient pas satisfaisantes. On a alors pondu une remorque très légère (10 kg) et démontable en cinq parties. Après, il a fallu se lancer, car tirer 80 kg dans des cols à 10%, ce n’était pas gagné d’avance. Mais on y est arrivé : Canovélo raconte donc ce voyage de 900 km au départ de la maison pour relier 4 rivières et fleuves.

Tu parles d’instant parfait pendant cette aventure, qu’est-ce que c’est exactement ?

Paul : L’instant parfait, j’imagine que tu peux le vivre en vélo comme en patins à roulettes ! Pour moi, c’est une situation vécue où tous tes sens prennent une claque, un moment où il se passe quelque chose de magique. J’évoquais plus tôt la vision du château avec le parfum des pins sur la Dolce Via. C’est un puits de lumière au milieu de la forêt, le face-à-face avec un cerf qui n’est pas pressé de s’enfuir ou encore, cette route plongeant vers la mer lors de ma traversée de Corse à vélo. L’instant parfait, c’est un flash, une illumination que tu cherches sans jamais savoir quand elle va arriver. Souvent, c’est quand tu ne le cherches plus qu’il arrive.

Quels sont tes futurs projets et actualités ?

Paul : En ce moment, je m’attèle à faire tourner mon film dans des festivals ou des lieux de projections et conférences. Côté photos, je continue à travailler sur les missions « vélo ». Récemment, j’ai eu la chance d’être missionné par de nombreuses pistes cyclables ou territoires touristiques. Avec le développement des pistes cyclables en France, il y a beaucoup à faire, car les responsables de la communication ont compris qu’il fallait passer la deuxième vitesse sur l’image. J’ai aussi une casquette d’organisateur d’événements de sports de plein air, notamment l’Open Canoe Festival proposé chaque année au printemps sur la Drôme. Enfin, je travaille sur un projet dédié au vélo, mais pour l’instant c’est top secret !

Plus d’infos : www.villecourt.com

Pour voir le film Canovélo prochainement dans la Drôme : rdv lundi 6 Novembre à 20H30 au cinéma l’Eden de Crest.

Billetterie : 

https://www.billetweb.fr/projection-du-film-canovelo-a-la-recherche-de-linstant-parfait?fbclid=IwAR3Rn2MzqfmqokUnA0zMxpwv4CurqiX6W39AJ1as_tuY2sU7PrbLX6eB8_Q

Sophie
Ecrit pour Itinérances. Le blog du voyage en quête de sens

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