Pendant un an et demi, Céline et Vincent Treussier ont parcouru 13 000 kilomètres à vélo entre la France et l’Asie en compagnie de leurs deux jeunes garçons : Émile et Fernand. Ce périple au long cours les a menés à travers 18 pays. Un voyage alternatif qu’ils relatent dans « 500 jours à vélo », un très beau livre pour s'évader et nous donner quelques conseils pratiques pour s'y mettre… Rencontre.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Céline : J’avais 42 ans au moment du départ, Vincent, 46, Emile et Fernand, 5 et 2 ans à peine. Ce que nous aimons préciser, c’est que nous ne sommes pas des ultra-sportifs, ni même des cyclistes. Nous sommes partis sans entraînement, et sans avoir jamais planté la tente. Lors du premier bivouac, à 40 kilomètres de la maison, nous avons dû lire la notice du réchaud ! Ce genre de voyage est à la portée de tous ceux qui en ont envie.
C’était un rêve de partir en voyage en famille à vélo ?
Céline : Oui et non. Oui car avant de partir, on ne croit jamais vraiment qu’on va le faire, que c’est possible, ça reste un rêve inaccessible. Non parce que du rêve à la réalité il ne s’est passé que deux ans, ce qui est relativement court. Nous sommes rapidement rentrés dans l’action, dans la réalisation. Choisir la destination, imaginer l’itinéraire, rassembler le matériel…
Comment avez-vous décidé de partir vers l’Asie ?
Céline : Vincent pensait se contenter d’un tour en Europe. De mon côté, tant qu’à se lancer, je voulais « aller loin », aussi loin qu’on puisse aller à vélo en partant de la maison. D’Annecy, pour aller loin, il faut prendre la direction de l’Est… jusqu’à l’Asie.
Si vous deviez nous parler de la meilleure expérience pendant ce voyage, laquelle évoqueriez-vous et pourquoi ?
Céline : C’est la question la plus difficile à laquelle nous devons répondre car chaque moment de cette aventure est inoubliable. Avec du recul, ce qui ressort de façon très forte de ces 16 mois sur la route, c’est la gentillesse et la générosité des gens partout dans le monde.
Nous avons été accueillis en Bouriatie - Russie, Sibérie Orientale - par Natalia, une mère célibataire et sa petite fille, qui vivaient dans une maison en bois sans sanitaire. Nous avons partagé un moment très fort avec elles et avions tous les larmes aux yeux en partant. Toujours en Bouriatie, le boulanger du village d’Okino-Klyuchi nous a offert le gîte. Bivouac à l’arrière de sa boulangerie, avec repas et douches, alors que nous avions des difficultés à trouver où dormir. En Chine, nous avons partagé le repas du Nouvel An Chinois avec une famille qui nous a chaleureusement invités. Des moments comme ceux-là faisaient partie de notre quotidien ou presque. Pas de raison d’avoir peur de l’Autre…
Quant aux destinations, là aussi c’est difficile de faire une classification : les contours de la mer Baltique sont le paradis du « cyclo-bivouaqueur », la Mongolie est majestueuse, le Japon surprenant, la Chine généreuse, le Laos souriant…
Et si vous deviez nous raconter un moment difficile ou une galère ?
Céline : Il y a eu certains moments difficiles mais ils ne sont absolument pas représentatifs de notre voyage car ils restent assez anecdotiques. La plus grosse galère malgré tout a eu lieu au Laos où nous avons décidé de longer le Mékong via la route 1 entre Kuang Si et Muang Nan plutôt que la route goudronnée. Mal nous en a pris, cette portion de route fût éprouvante : voie en terre battue souvent défoncée, nombreuses côtes difficiles à franchir avec notre chargement… et pour parfaire le tableau, nous n’avions plus de réserves, ni d’eau, ni de nourriture, dans une nature peu accueillante et dénuée de toute habitation. A la nuit tombée, nous sommes finalement arrivés dans un petit village où nous avons pu acheter de quoi boire et grignoter et où nous avons négocié de nous faire déposer dans la petite ville étape située à quelques kilomètres seulement, mais beaucoup d’heures pour nous.
Le vrai apprentissage de cette aventure en famille est qu’à chaque moment de galère, nous avons fait des rencontres incroyables, pleines de gentillesse et de générosité quel que soit le pays traversé.
C’est un sacré défi de partir avec deux enfants en bas âge pour un tel voyage. Quel a été votre rapport au temps et votre rythme pendant ce voyage ?
Céline : De façon assez pragmatique, nous n’avons jamais pensé que partir avec deux enfants en bas âges était compliqué ou nécessitait de relever un sacré défi. Tout s’est fait de façon naturelle et simple, sans appréhension. Assez rapidement, les enfants ont trouvé leurs repères. Mais il a fallu plus de temps aux adultes pour bien se caler sur une journée type “idéale” : 8h debout, petit déjeuner, rangement du campement, départ vers 10h, pause déjeuner vers 12h30, on renfourche les vélos vers 14h pour se poser vers 16h30/17h. Notre moyenne était de 40 km par jour mais en fonction des lieux, de la topographie du terrain et de l’état d’esprit de chacun cela pouvait être plus ou moins. Nous nous sommes rendus compte que les journées à vélo devaient être très rythmées si nous ne voulions pas que tout parte à vau l’eau. Si nous voulions arriver au bout. Je dirais que la vraie problématique à dompter est plutôt la question du « 24/7 together ». Ensemble en permanence, toute la journée, pendant 500 jours…
Est-ce que ce périple a changé votre vision du voyage ?
Céline : Indéniablement notre vision du voyage « lointain » a changé. Il nous semble inconcevable de nous dire que nous allons prendre l’avion et visiter un pays en 1 semaine. La découverte d’un pays pour nous passe obligatoirement par le vélo, le temps long, la découverte des gens et des cultures, le chemin pour y aller qui prépare doucement les esprits.
Aujourd’hui, pensez-vous qu’il est possible de vivre une aventure dépaysante dans son propre pays ?
Céline : Tout à fait ! Nous avons été bluffés par la France à vélo. Ce fût une expérience incroyable après tous ces mois à l’étranger dans des contrées « exotiques ». Malgré tout, nous n’avons jamais douté que la France est un pays magnifique aux paysages très variés. D’ailleurs il nous arrivait régulièrement de comparer les lieux que nous découvrions avec des endroits que nous connaissions en France : le lac Biwa au Japon et le lac d’Annecy, les steppes mongoles et les monts et plateaux d’Auvergne, les Alpes japonaises et les Alpes françaises où nous vivons… À notre retour, nous avons été autant dépaysés en France qu’à l’étranger et nous avons redécouvert notre propre pays sous un nouvel angle. Une constante cependant : la gentillesse des gens, réelle, ici comme ailleurs.
Que diriez-vous à une famille qui souhaite se lancer dans un voyage à vélo ?
Céline : Qu’elle se lance sans aucune hésitation. En France ou ailleurs. L’expérience à vivre en famille est un souvenir indélébile qui renforce les liens déjà existants. Voir évoluer ses enfants en dehors des repères habituels est très riche et cela permet de leur laisser plus d’autonomie. Et c’est surtout à ceux qui hésitent ou qui ont peur, nous souhaitons dire : allez-y, ce n’est pas si compliqué, à organiser et à vivre, et l’expérience est absolument magique ! Contrairement à ce qu’on croit avant de partir, il n’y a rien d’extrême dans ce genre d’aventure… sauf le plaisir !
La prochaine aventure, vous l’avez déjà en tête ?
Céline : « Comme des vikings », à suivre à partir d’Avril 2023 !
Quand on écoute Céline, partir et être libre, oui, c’est possible ! Même quand on croit que ça ne l’est pas. Même quand on débute, même avec des enfants. Il s’agit simplement de pédaler, respirer et profiter des paysages. Ici ou ailleurs. A l'heure où l'on a sérieusement envie de vivre et voyager autrement, la famille Treussier nous encourage à prendre le temps de découvrir petit à petit la région dans laquelle on se trouve et de limiter un maximum notre empreinte carbone. Voyager selon les principes du slow travel, à vélo et en famille !
Pour aller plus loin :
500 jours à vélo : en famille à travers l'Europe et l'Asie
Céline Dubourg Treussier, Vincent Treussier
La Martinière 15 Avril 2021
Un récit très documenté, illustré de photos grandioses capturées par Vincent, un beau livre qui donne des idées…
Le voyage itinérant en mode Slow
Des rencontres authentiques avec des acteurs locaux engagés et des itinéraires hors des sentiers battus
Nos voyages sont de pures créations.
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Disponibles 6/7 de 9h à 19h, y compris le samedi
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