Jérôme Zindy, la star du reportage zéro carbone !

Sophie
27/3/2023
Lecture 11 min.

Jérôme Zindy est un homme qui s’active pour valoriser les territoires et les initiatives durables en France. Son engagement passe par la pédagogie et la sensibilisation grâce à ses aventures filmées depuis son vélo électrique solaire. Rencontre avec un vélo-reporter passionné, acteur de la micro-aventure décarbonée !

Peux-tu te présenter, me parler de ton parcours et de ta prise de conscience écologique ?

Jérôme : Je suis né à Mulhouse, j'ai passé les 20 premières années de ma vie en Alsace avant de m’installer dans le sud de la France. Depuis peu, je suis de retour en terre alsacienne. Mon parcours était tout tracé, classe prépa et école de commerce, puis j'ai travaillé dix ans dans le milieu du sport automobile notamment pour un rallye 100% féminin. Ce qui m'attirait énormément, c’était la nature, l'évasion et le fait de pouvoir vivre l'aventure dans le désert. C'est vraiment ce qui me correspondait pendant toutes ces années. Sauf que plus le temps passait, plus je me rendais compte, en me tenant au courant de l'actualité environnementale, que quelque chose n'allait pas. Je commençais à hurler intérieurement jusqu'à l'été 2019 où je suis parti me mettre au vert en Auvergne. Sauf que rien n'était vraiment vert cet été-là, tout était dramatiquement sec. J’ai rencontré des éleveurs obligés de vendre du bétail faute de production fourragère suffisante. Et pire encore, je suis arrivé dans des villages ravitaillés par des camions citerne d'eau. Voilà... en Auvergne. On n'en parlait pas dans les médias. Nulle part d’ailleurs, ce qui m'a vraiment choqué. J’ai eu une véritable prise de conscience et j’ai ouvert en quelque sorte la boîte de pandore environnementale ! 

C’est à ce moment-là que tu as décidé de devenir vélo-reporter ?

Jérôme : Rapidement, j'ai creusé pleins de sujets : réchauffement climatique, nucléaire, pollution, déchets... Tous les impacts de nos modes de vie et de nos activités humaines actuelles m’ont alors sautés au visage. Après six mois de réflexion, en janvier 2020, j'ai décidé de tout quitter et recommencer à zéro pour mettre mon énergie et mes compétences au service d'un autre modèle. Comment pratiquer mon métier de la communication et réalisation vidéo dans une démarche écologique ? J'ai cherché un nouvel outil, et voilà comment le vélo est entré dans ma vie. Le vélo électrique, qui allait me permettre de transporter tout mon matériel vidéo et faire mon travail de reporter. Mon idée est devenue plus précise : faire la promotion du vélo et de nos territoires en transition grâce à mes vidéos. Tout en essayant d’être exemplaire, en produisant moi-même mes vidéos de manière la plus décarbonée possible.

Le vélo électrique est devenu le pilier de ton activité donc ?

Jérôme : Oui le vélo électrique solaire, pour produire un peu d'énergie moi-même. A la base, c’est un tandem de marque anglaise, du matériel robuste, durable, préparé spécialement pour mon activité. Très stable, il a été conçu pour transporter beaucoup de poids, donc c'est idéal pour mon travail. Avec le panneau à l'avant de 100W, je peux faire environ 60 à 80 km par jour sous un temps ensoleillé. Hors période estivale, j'ajoute une remorque solaire qui ajoute 240 W de puissance de panneaux et me permet facilement de faire des distances de 100 km. Si j'ai la remorque en été, je peux aller jusqu’à 200 km par jour en toute autonomie. Mais ce n'est pas le but, c'est un outil de rencontre. Généralement, je roule entre 50 et 80 km par jour. Lors de ma dernière mission dans le sud de la France, j' ai fait 1 550 km, 16 000 m de dénivelé positif, avec beaucoup de matériel de bivouac et de vidéo. Et j’ai été autonome à 96% du temps malgré des jours gris et pluvieux. Ce que j’aime aussi avec ce vélo, c’est qu’il interpelle, dans la rue, dans les médias, sur la transition. Et c’est mon but. C’est une vraie expérimentation de sobriété énergétique.

Par quel projet as-tu commencé ? 

Jérôme : Pour débuter, j’ai voulu prendre le contrepied de tout ce que j'avais fait jusqu'à présent, et me recentrer sur le “local” et la proximité. J’avais été conditionné pendant des années à voyager de façon lointaine. Tout autour de nous participe à la construction d'un imaginaire du voyage lointain et au final on se détourne de ce qu'on a sous les yeux. J'ai donc souhaité organiser mon premier projet autour de la ville où j’habitais en juillet 2020, une aventure que j’ai baptisée : 100 km autour d'Avignon. J’ai évolué pendant dix jours dans ce rayon-là. 100 km, c’est aussi la notion du circuit court, donc ça m'a permis de donner un fil rouge à mon reportage et d’aller à la rencontre de producteurs locaux. J'ai emmené un ami réalisateur (que j'ai mis sur un vélo) et on a produit une web série de dix épisodes. D'un article dans le Dauphiné, on a fini sur Télé Matin, et je me suis rendu compte du potentiel et de la force du message qu'on pouvait porter avec ce type de projet. Depuis, je m'engage à fond dans la démarche de vélo-reporter. J’ai réalisé déjà quatre vélo-reportages différents : 100 km autour d'Avignon, 100 km autour de Strasbourg, la Mini Odyssée pour Demain à la rencontre d'entrepreneurs engagés avec France Active PACA et mon dernier projet en date, le tour des Parcs Naturels Régionaux de la région Sud pour documenter en vidéo des solutions d'adaptation face au changement climatique. Je suis allé d'un parc à l'autre pendant 5 semaines. Au total, j’ai interviewé 32 experts du territoire, du climat, de la biodiversité de la forêt ou du monde agricole. Des sujets passionnants et des rencontres inspirantes.

Justement, lors de tes vélo-reportages, quelle rencontre t’a marquée et pourquoi ?

Jérôme : Toutes ! Lors de mon premier reportage autour d’Avignon, parmi les dix producteurs locaux rencontrés, chacun avait sa propre histoire et lecture des choses, son attachement à la terre. Si je devais en choisir une, c'est une femme, Rose Moulin, qui a créé sa ferme à Mazan, au pied du mont Ventoux. Elle ne venait pas du tout du milieu agricole, elle travaillait dans l'immobilier. Elle a suivi ce qui l'animait au fond d'elle. C'est-à -dire produire quelque chose de la terre. Produire de quoi nourrir les gens autour d'elle. Elle a commencé par acheter quelques chèvres, elle a appris à s'occuper des animaux, à faire son fromage, et à vivre avec beaucoup moins d’argent aussi. Quand on passe de l'immobilier à l'agriculture, on n'est plus dans le même monde. C'est un peu comme quand on passe du rallye raid automobile au vélo (rires).

Lors de mes vélo-reportages, je rencontre beaucoup d’acteurs engagés, des gens dont on parle peu, qui mériteraient d'être à la une des médias, de vrais héros du quotidien qui suivent ce qui leur paraît juste au fond d'eux, pour le vivant en général. Ils représentent une forme de résistance. Aujourd'hui, on idéalise des joueurs de foot, des astronautes. Mais ça serait bien qu'on valorise des acteurs locaux. Ceux qui sont là pour le collectif, qui cherchent à réinventer demain avec de vraies valeurs de partage et de solidarité, de sobriété et de résilience, où persiste grâce à eux une lueur d'humanité. 

Le vélo fait partie de ta vie aujourd’hui ? En dehors de ton activité de vélo-reporter ?

Jérôme : Oui bien sûr ! Au début, c’était juste un outil et c'est devenu une vraie philosophie de vie. Je n’ai plus de voiture d’ailleurs. Le vélo est idéal pour explorer sans avoir d'impact et d'émission de CO2e, que ce soit lors de mes déplacements quotidiens, professionnels et mes voyages aussi. Le vélo à toutes les sauces, toute l'année ! L'été dernier, je suis partie en famille dix jours à vélo électrique en Ardèche du nord, on a bivouaqué, on a dormi sur les fermes, c'était absolument génial. J'ai désormais des rêves de voyages à vélo, comme celui de retourner au Maroc revoir mes amis. Idéalement j'aimerais traverser le delta de Gibraltar en voilier pour vraiment être bas carbone, puis faire un tour du Maroc avec mon vélo solaire dans ce pays que j’aime tant. 

Que dirais-tu à ceux qui hésitent à partir en voyage à vélo électrique en France ?

Jérôme : Foncez ! Enfin, en mode slow, c’est mieux ! Pour être au contact de la nature. A vélo, on entend les oiseaux, on sent le vent sur son visage, le soleil sur sa peau, on est au contact de l'autre. Celui avec qui on partage l’aventure sur la route et celui que l'on va rencontrer sur son chemin. Le vélo a des vertus extraordinaires pour se retrouver. Être au grand air, se sentir connecté, à soi-même et au vivant. C'est bon pour la santé et pour l'environnement. Je ne vois que du positif ! Surtout avec le vélo électrique qui permet à tous de voyager en ôtant cette notion de défi sportif et de souffrances quand on n'est pas habitué et qu'il faut grimper des cols... C'est tout le plaisir du vélo mais en mieux et avec une belle notion d'accessibilité. On peut emmener les plus petits vivre des moments extraordinaires. 

Quels sont tes projets à venir ?

Jérôme : L’événement phare de ce printemps est le mouvement national “Mai à vélo”, un collectif engagé qui fédère plus de 3000 initiatives. Je pars pour un tour de France en train et avec mon vélo électrique pendant un mois couvrir une trentaine d'événements. En septembre et octobre, je pars valoriser le tourisme à vélo dans le Luberon et le Verdon, à travers 14 étapes où je vais communiquer, produire des vidéos, en partenariat avec l'association Vélo loisirs Provence, pionnière dans le cyclotourisme en France. Il y a tant à dire et faire sur la transition écologique de nos territoires, et tant mieux !

Retrouvez toutes les aventure de Jérôme sur son site internet : https://www.jeromezindy.fr/

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Sophie
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