Le voyage comme acte politique
Il y a quelques années, quand je suis devenu père de Lhamo, une question m'a habité : quel monde allions-nous lui laisser ?
La lecture de Perrine et Charles Hervé-Gruyer, Permaculture : guérir la Terre, nourrir les hommes (Actes Sud, 2017), a été une révélation. Leur travail à la ferme du Bec Hellouin m'a fait comprendre le lien vital entre agriculture, alimentation et vivant. Que tout était lié : la santé des sols, notre alimentation, notre capacité à habiter durablement cette planète.
A partir de 2005, avec Shanti Travel, nous avons crée des voyages immersifs et respectueux en Asie. Mais cette prise de conscience m'a poussé à aller plus loin : créer des voyages qui régénèrent les territoires qu'ils traversent.
C'est cette conviction qui a donné naissance à Chemins en 2022, avec mon associé Étienne. Le vélo électrique, la France et l'Europe rurales, les rencontres avec des paysans engagés... Et c'est cette même conviction qui nous a naturellement conduits vers 1% for the Planet, dès 2022, ce mouvement mondial d'entreprises qui reversent 1% de leur chiffre d'affaires à des associations environnementales.
Il ne s'agissait pas de reverser pour reverser. Il fallait que notre engagement soit cohérent, ancré dans notre ADN. Nous voulions soutenir des acteurs qui agissent là où nous organisons nos voyages, en Drôme, en Ardèche, et plus généralement en Hexagone. Des acteurs qui œuvrent pour le vivant, la santé des sols, la résilience des écosystèmes et des communautés humaines.
Quatre associations se sont imposées comme des évidences.
Terre et Humanisme : cultiver l'espoir par l'agroécologie
Fondée en 1994 à Lablachère en Ardèche, cette association inspirée de Pierre Rabhi transmet l'agroécologie comme une pratique et une éthique de vie. Sur la ferme pédagogique du Mas de Beaulieu, l’association a transformé une terre aride de garrigue en un jardin fertile, enrichissant le sol de 20 cm d'humus en vingt ans uniquement grâce aux pratiques agroécologiques.
Ce qui me touche particulièrement, c'est l’approche systémique. Les membres de l’association forment chaque année des "animateurs en agroécologie" qui essaiment ces savoirs dans les écoles, les collectivités, les fermes. Plus de 175 animateurs sont aujourd'hui actifs en France et à l'international.
Lorsque nos voyageurs rencontrent des producteurs bio, de la Provence au Val de Loire, lorsqu'ils participent à un atelier dans une ferme en permaculture, ils touchent du doigt ce que Terre et Humanisme défend : une agriculture qui nourrit sans détruire.
L'Abeille qui relie : la sagesse du vivant
Dans la vallée de la Drôme, à Crest, cette association fait un travail remarquable pour reconnecter les humains à la nature. Son approche : s'inspirer de la sagesse des abeilles pour apprendre à coopérer avec le vivant.
L'Abeille qui relie organise des ateliers, des formations, des retraites. Elle installe des ruchers pédagogiques et accompagne particuliers, collectivités et entreprises dans leurs projets de préservation de la biodiversité.
Une abeille trace dans l'invisible un huit de l'infini qui connecte les fleurs, les arbres, les écosystèmes. Elle nous rappelle que nous faisons partie d'un tout, que chaque geste compte.
Quand nos voyageurs s'arrêtent pour observer un champ de lavande bourdonnant d'abeilles, quand ils dégustent un miel local chez un producteur, ils sont témoins de cette magie pollinisatrice. Notre don à L'Abeille qui relie, c'est notre façon de protéger ces messagères ailées qui font vivre nos territoires.
Fondation Terre de Liens : rendre la terre accessible aux paysans
Il y a une question qui me préoccupe profondément : dans cinquante ans, qui cultivera ces terres que nous traversons à vélo ? La réalité est brutale : le nombre d'agriculteurs est en chute libre, notamment parce que le prix du foncier agricole est devenu inaccessible pour beaucoup de néo-paysans.
La Fondation Terre de Liens, reconnue d'utilité publique depuis 2013, combat précisément cette injustice. Sa mission : préserver les terres agricoles, les soustraire à la spéculation foncière, et les confier à des paysans en agriculture biologique.
Le modèle est puissant. La Fondation reçoit des fermes en donation ou en legs, ou les achète grâce aux dons. Elle les loue ensuite à des agriculteurs via des baux ruraux environnementaux, avec des clauses strictes de protection de la biodiversité. Ces terres ne seront jamais revendues. Elles resteront agricoles. Pour toujours.
Aujourd'hui, Terre de Liens gère 250 fermes sur près de 6 500 hectares, où travaillent 500 actifs agricoles. Chaque ferme devient un lieu exemplaire, un îlot de résilience.
Notre don à cette fondation, c'est notre façon de dire : ces paysages que nous aimons doivent continuer d'être cultivés par des femmes et des hommes qui en prennent soin.
LPO : gardiens du peuple des airs
Le voyage à vélo électrique a ceci de merveilleux qu'il nous met au rythme de la nature. On entend le chant des oiseaux. On observe un héron cendré au bord d'un étang. On surprend un guêpier d'Europe dans les falaises calcaires. On croise des flamants roses en Camargue.
Ces rencontres magiques, nous les devons en partie au travail de la LPO – Ligue pour la Protection des Oiseaux. Créée en 1912 pour mettre fin au massacre des macareux moines en Bretagne, cette association est aujourd'hui la première organisation de protection de la nature en France, avec 74 000 adhérents et 9 000 bénévoles actifs.
La LPO agit sur tous les fronts : protection des espèces menacées, gestion de 33 600 hectares de réserves naturelles, centres de soins pour oiseaux blessés, sciences participatives, mobilisation citoyenne.
La LPO mène des actions concrètes pour protéger les oiseaux et plus généralement les animaux sauvages et leurs habitats. Car protéger les oiseaux, c'est protéger les écosystèmes dans leur ensemble : les zones humides, les forêts, les prairies, les haies.
Notre don à la LPO, c'est notre façon de dire que le chant des oiseaux doit continuer de ponctuer nos voyages, pour nous, pour nos enfants, pour les générations futures, et encore plus pour les oiseaux eux-même.
1% for the Planet : un engagement vérifié
Je pourrais vous parler longtemps de 1% for the Planet, ce mouvement lancé par Yvon Chouinard, le fondateur de Patagonia. Mais l'essentiel tient en une phrase : ce n'est pas du greenwashing. C'est un engagement vérifié, audité, transparent.
En rejoignant ce mouvement dès 2022, nous voulions être cohérents avec nos valeurs. Nous voulions que chaque voyage organisé contribue concrètement à la régénération des territoires que nous aimons.
1%, ça peut sembler peu. Mais quand on multiplie cet effort par des milliers d'entreprises à travers le monde, ça devient une force considérable pour financer des projets environnementaux sur le terrain.
Merci
Si j'ai pu écrire cet article aujourd'hui, si nous avons pu reverser ces dons aux quatre associations que nous venons de présenter, c'est grâce à vous.
Grâce à vous qui avez choisi de partir en famille dans le Vercors. Grâce à vous qui avez emmené votre équipe en séminaire itinérant dans les Dentelles de Montmirail. Grâce à vous qui avez pédalé en amoureux sur la Loire à Vélo. Grâce à vous qui nous avez fait confiance.
Chaque voyage avec Chemins est un acte de régénération. Pour vous, qui revenez transformés par la lenteur, les rencontres, les paysages. Mais aussi pour les territoires, grâce aux retombées économiques locales, et, grâce à ce 1% qui finance des actions concrètes de protection et de régénération.
Alors merci. Merci d'avoir fait ce choix. Merci de croire, comme nous, qu'un autre tourisme est possible. Un tourisme qui prend soin. Un tourisme qui répare. Un tourisme qui régénère.
Et en 2026 ?
En 2026, nous continuerons de soutenir ces quatre associations. Et nous espérons pouvoir en aider d'autres, au fur et à mesure de notre développement, en cohérence avec nos valeurs de voyage régénératif, une expérience qui nourrisse non seulement ceux qui partent, mais aussi ceux qui accueillent, et la terre qui nous porte.
C'est le pari de Chemins. Et vous en êtes les artisans.
Pour aller plus loin :
Si ces associations vous inspirent et que vous souhaitez les soutenir directement :
A bientôt sur les chemins,
Alexandre Le Beuan
Co-fondateur de Chemins